Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/131

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Ne pas rendre à la terre les richesses qu’elle a produites et les employer à créer un état de choses qui ne serait pas fondé sur le sol, mais qui tirerait ses éléments de l’étranger pour les revendre à l’étranger, ce serait, suivant les Chinois, bâtir en l’air. Ce serait une injustice et un danger. Cette économie politique fera certainement sourire bien des gens. Elle a cependant eu pour résultat de faire du sol chinois le sol le plus riche et le plus fertile du monde entier. En supposant que tout le territoire ne porte que des récoltes de riz, de blé, de maïs, de sorgho ou de millet, on ne pourrait pas estimer sa valeur à moins de 1,100 à 1,200 milliards de francs[1], et elle dépasserait certainement 1,800 milliards si l’on y ajoutait la plus-value des terres cultivées en mûriers, en thé, canne à sucre, orangers, palmiers à chanvre, arbres à huile, à cire, etc. C’est, comme on le voit, trois fois la valeur du sol français, proportions gardées, et une fois et demie de plus par chaque habitant. Qui donc disait que la Chine et les Chinois étaient pauvres ? Encore faut^il remarquer que l’appréciation que j’en donne ici en monnaie française, faute d’unité de comparaison, est bien au-dessous de la valeur réelle, car pour un franc on obtient en Chine bien plus d’objets utiles qu’en France. Puis, cette valeur est vraie, elle représente bien véritablement la quantité d’épargne et de puissance accumulée dans le sol, la somme des avances, toujours employées

  1. Bulletin de la Société de géographie, 1869. Carte agricole de a Chine.