cette limite ; mais, comme la terre est plus fertile que dans aucun autre pays et qu’elle rapporte souvent quatre ou cinq récoltes par an, l’industrie y a pris un développement extraordinaire. Bien souvent elle n’est pas séparée de l’agriculture. Le cultivateur transforme lui-même ses cannes à sucre, son chanvre, fabrique son huile, file ou dévide au moins ses cocons de vers à soie, et cela lui est d’autant plus facile que sa famille est nombreuse. S’il a trop peu de produits, ce qui arrive souvent, il les réunit à ceux de ses voisins et l’on partage ensuite. Il attend alors pour les vendre une bonne occasion. Les paysans moins aisés sont quelquefois obligés de vendre en nature afin de se procurer plus vite de l’argent. Il existe pour toutes ces ventes de grands marchés qui, dans un district de dix lieues carrées par exemple, se répètent huit ou dix fois par mois, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre. C’est là que les commerçants et les fabricants spéciaux viennent acheter. Quant à ceux-ci, eux non plus n’ont pas rompu le lien qui attache l’homme à la terre. S’ils habitent les villes, ils viennent des villages où ils sont encore en communauté familiale, et si la communauté a été dissoute, ils se sont réservé un terrain ou en ont acheté un qu’ils habiteront plus tard et dont ils feront le champ patrimonial, car c’est le rêve de tout Chinois. Le lecteur sait déjà qu’il n’y a pas de grande industrie en Chine. Les capitaux y sont très divisés et ne se concentrent fortement qu’en
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