Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/146

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entre l’agriculture chinoise et la nôtre ! Quelle erreur de croire que l’on peut remplacer la culture par la ruse, la justice par la violence et l’engrais par de gros instruments ! Les engins des agriculteurs chinois sont bien moins puissants, moins pesants, moins brutaux que les nôtres. Leur charrue est tout en bois ; le versoir est de bois, sauf quelquefois une petite pointe en fer, quand il y a des pierres à écarter ; le coutre même est le plus souvent en bois. Leurs systèmes, leurs méthodes, leurs procédés sont moins savants, moins transcendants que les nôtres. En tout cela, nulle prétention. Ils ne forcent pas la terre comme nous, ne la maltraitent pas, ne la violentent pas, ne lui imposent aucune règle, aucune docte constitution. Ils la prient plutôt, ils la sollicitent. Ils ne lui demandent rien qu’ils ne lui rendent aussitôt. Pas un grain de riz sans qu’ils lui donnent de quoi réparer son effort. Je disais, il n’y a qu’un instant, que leur agriculture est un culte ; on pourrait presque dire que c’est une caresse. Et à des soins si tendres la terre se rend ; elle se livre tout entière. Par la douceur, par l’assiduité, par la justice, ils en obtiennent tout ce qu’ils veulent, plus que nous. Voilà l’agriculture chinoise. On ne peut pas dire qu’il n’y ait aucune science, et cependant ce n’est pas de la science. Ce n’est pas de la science et c’est plus que de la science. Il y a un mot ancien dont je voudrais me servir : c’est de la sagesse. Cela ne s’acquiert pas comme une science, cela se forme