Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/156

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sévères que celles de l’Europe et des divers États de l’Amérique où les émigrants vont le plus souvent, et rien ne leur serait plus facile que de s’y soustraire ; mais ils aiment mieux s’y soumettre que de s’exposer aux interventions bruyantes, humiliantes et le plus souvent maladroites de la justice étrangère. C’est ainsi qu’ils s’attirent, par suite de leur vif et profond attachement à la liberté et aux institutions de leur patrie, le reproche, très grave aux yeux des gouvernements même les plus libéraux, tel que celui des États-Unis, de former un État dans l’État.

En Chine, non seulement cette crainte n’existe pas, mais l’indépendance du citoyen, telle qu’elle vient d’être définie, semble au contraire la condition même de l’existence de l’État. Il ne faut pas que l’État et le gouvernement de l’État soient confondus. Il ne faut pas que les erreurs et les faiblesses du second puissent compromettre la liberté et l’intégrité du premier. Que serait une nation exposée à périr tout entière parce qu’elle aurait été atteinte en un seul de ses éléments ? La France et l’Angleterre, en 1860, ont bien pu défaire le gouvernement chinois et lui imposer un traité, mais elles n’ont point imposé ce traité à la nation. On ne l’a jamais publié dans les provinces. Chaque fois que l’on doit en appliquer un article trop contraire aux sentiments des populations, la nation proteste et revendique ses droits par des démonstrations comme celles de Canton, de Tien-Tsinn, etc. Ce n’est pas seulement