Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/25

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J’entends d’autres objections. On me dit : Oui, mais peut-être le bien-être de chaque Chinois est-il bien modique ? A cela, il me semble que la densité de la population est une réponse suffisante. N’est-il pas évident que, si les Chinois étaient si malheureux, ils auraient trouvé, tout comme nous, le moyen de prévenir ce qui leur aurait paru excessif dans leur population ? D’ailleurs, y a-t-il une mesure plus exacte de la misère ou du bien-être d’un peuple que l’état de sa criminalité ?

Eh bien, voici des faits : dans une ville de près de deux millions d’habitants, à Han-Keou, où j’ai résidé pendant quelque temps, il ne s’était produit en trente-quatre ans qu’un seul meurtre. Dans une province de vingt-cinq millions d’habitants, le Tché-li, il n’y eut, en 1866 ou en 1867, que douze exécutions capitales. Encore faut-il ajouter que la troisième récidive de vol est punie de mort, qu’il n’y a pas de circonstances atténuantes, et que le Paris de la Chine, Pékin, se trouve dans cette province. Mais afin de mettre le lecteur à même de juger plus directement du bien-être de la population chinoise, combien je voudrais pouvoir le conduire dans ces petites fermes, dans ces maisonnettes de paysans, où j’ai tant de fois reçu quelques heures d’une si cordiale hospitalité, lui faire admirer la propreté du logis, des meubles vernis, parcourir avec lui les inventaires que j’ai dressés de leurs fortunes et de leurs ressources. L’un, dans un des moins riches districts de la Chine,