Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/26

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avec une propriété de trois hectares et demi, met de côté, chaque année, 1,500 à 1,800 francs, après avoir vécu lui et sa famille. Un autre, avec un hectare, met en réserve 700 à 800 francs. Et je voudrais que l’on pût assister à leurs repas, abondants, composés de mets beaucoup plus variés que ceux de nos ouvriers des champs ; aucun, si modeste que paraisse sa maisonnette, qui ne soit capable d’ajouter quelques gâteaux à son dessert ou de les offrir à un ami. Mais je voudrais surtout que l’on pût comparer la démarche légère, aisée, l’air dégagé, du premier cultivateur chinois venu, de telle ou telle province que je pourrais citer, avec la démarche lourde, pesante, l’air gauche, honteux, de la plupart de nos colons partiaires, de nos chepteliers et de nos métayers de la Bretagne, de la Sologne, de l’Auvergne, de la Savoie, sans parler de ceux du Midi. On sent, en les voyant, qu’il y a évidemment, entre les riches et les pauvres, je veux dire les moins riches, entre ceux des villes et ceux des campagnes de ce pays-là, moins de distance et de différence que chez nous. On y sent une égalité d’ancienne date, au milieu de laquelle tout le monde se meut et respire à l’aise, et qui met, dans les relations des uns et des autres, une politesse et une bienveillance dont un étranger ne peut s’empêcher d’être frappé. Dirai-je comment ils se traitent, comment ils se parlent entre eux ? Parmi les modes de locomotion employés en Chine, un des plus commodes dans les provinces