Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/256

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ponts, est sans cesse sillonnée par des bateaux de petite et de moyenne grandeur qui vont et viennent entre les nombreux centres de population qu’elle traverse et dont quelques-uns sont des villes très importantes. Presque jusqu’au sommet, les collines sont cultivées et arrosées par des canaux dérivés du Tâ-Chouéï-Khi. De ces canaux, qui courent au tiers environ des deux versants, des norias, mues par des hommes ou par des buffles, élèvent l’eau et l’envoient dans un canal supérieur, d’où elle est reprise et montée de la même façon dans un troisième, puis dans un quatrième et dans un cinquième et elle ne regagne son lit qu’après avoir distribué partout la fraîcheur et la vie. Lorsque la saison des grandes irrigations est terminée, c’est-à-dire lorsque le riz est mûr, ce travail devient presque inutile ; l’eau des pluies et des ruisseaux, recueillie dans des réservoirs judicieusement installés, suffit, ou peu s’en faut, aux besoins des autres cultures. Vus d’en haut, on dirait de tous ces canaux autant de ceintures d’argent. — Forcés de mouler, pour ainsi dire, leurs champs sur les sinuosités que les eaux décrivent et sur les contours des collines, les paysans leur ont fait prendre les formes les plus diverses et les plus inattendues. Les uns, accrochés ou suspendus aux flancs des coteaux, soutenus par des murs en pierres sèches, dans les interstices desquelles de grandes lianes flottantes ont pris racine, ont l’air de bénitiers gigantesques, de bastions avancés ou de balcons pleins de ver-