Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/27

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montagneuses où les canaux ne sont pas nombreux, c’est la chaise à porteurs ou le palanquin. J’ai fait à peu près de la sorte six à sept cents lieues. On engage quatre porteurs pour un palanquin, et l’on fait ainsi huit à neuf lieues par jour. Or tout fardeau pèse à la longue, même partagé en quatre, et les pauvres de la Chine le savent bien. Que faisaient donc ceux qu’il nous arrivait de rencontrer en route ? — « Monsieur, disaient-ils en s’approchant de l’un des porteurs, nous n’avons pas encore gagné notre vie aujourd’hui ; nous permettrez-vous de prendre votre place et de vous soulager pendant quelque temps ? — Volontiers, monsieur, mais nous ne pourrons payer vos services bien cher. Nous ne gagnons pas beaucoup. — Qu’à cela ne tienne, monsieur, nous nous en rapporterons à votre générosité. » Et ces porteurs de rencontre prenaient la place des autres qui, pendant une ou deux lieues, les épaules déchargées, nous suivaient en chantant. Cependant, ce titre de monsieur, sien-sen, ne s’échange qu’entre gens qui ne se connaissent pas. Quand on est en relations un peu familières et qu’on est du même âge, on ajoute au petit nom le mot de frère, et il est bien rare qu’on ne se traite pas comme tels. Dirai-je maintenant jusqu’où peut s’étendre, même vis-à-vis de l’étranger, de l’Européen qui a réussi à se concilier la confiance des Chinois, cette bienveillance générale ? Je n’affirmerai pas que la chose soit toujours facile ; elle l’était peu à l’époque où je commençai à parcourir la Chine. C’était peu de