Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/344

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remplissent les coteaux. La population locale souvent ne suffit pas. Il en vient de la plaine et de la vallée, et de plus de quatre lieues. J’ai dit : sexes séparés. Pas tant.

Les champs de thé sont petits, quoiqu’en général un peu plus grands que ceux de Ouang-Ming-Tse. Un mot, un regard, une fleur sont vite échangés. Parfois, aux heures des repas, pris en plein air, à l’ombre d’un beau Li-tchi, toutes les oreilles se dressent. Sous un arbre, les sons d’une guitare ont préludé. Aux premiers accords, tous ont reconnu le Sin-fa. Mais la chanteuse a fini, et l’on retourne à la cueillette. Ce sont les vendanges de la Chine. Notez qu’elles coïncident avec les grands travaux des rizières. Suivant les localités, on enlève les dernières gerbes de blé pour les porter sur une aire voisine où on les bat, ou bien on laboure pour le riz, ou bien déjà on commence à le repiquer. Partout les chapelets des norias sont en mouvement ; L’eau clapote, ruisselle, bruit et brille de toutes parts, Ah ! que nos campagnes sont sèches, tristes et vides surtout, à côté de celles-là. Il ferait beau voir en Chine qu’un richard captât une source pour en conduire l’eau dans un étang à lui, par des canaux souterrains, laissant à sec les champs sous lesquels elle passe[1]. L’eau est aussi indispensable à la vie que le soleil, l’air ou la terre.

  1. En ce moment, 20 juin 1885, des centaines d’hectares de fraisiers aux environs de Sceaux sont complètement grillés ; la récolte est perdue. Et cependant l’eau coule à quelques pieds de profondeur, sous les champs qu’elle devrait arroser.