Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/345

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Personne n’a le droit de dire : « Elle est à moi. » Elle est à tous. Ce sentiment est très profondément enraciné. Le garde champêtre chargé par le Conseil du syndicat des cultivateurs de distribuer l’eau dans les ruisseaux d’irrigation n’a jamais eu à constater le plus petit délit ; et ce Conseil, qui en connaîtrait, le cas échéant, n’a en définitive qu’une fonction veiller à l’entretien des canaux, chacun y contribuant dans la proportion de deux centimes par meou pour tous frais.

Tout à coup le gong se fait entendre. Au détour de la colline, sur le sentier en pente, on aperçoit un cortège. Après le gong, les appels prolongés des crieurs qui le suivent ; après les crieurs, les massiers, les mains de justice, les éventails, le parasol et le dais d’un mandarin. C’est le préfet ou le sous-préfet de la ville la plus proche. Tous les paysans accourent et l’entourent. Alors, debout sur un tertre, il leur parie de la Terre, la mère commune du Genre Humain ; il leur parlé du culte que chacun lui doit et les exhorte à ne s’en écarter jamais. Il leur parle du riz, du blé, du maïs, du sorgho et du millet, du grain, en un mot, symbole de paix et d’union entre tous les hommes. Puis, souvenirs d’autrefois, il remet à ceux qui lui ont été signalés ou qui lui sont signalés séance tenante par les acclamations des autres, des récompenses méritées. Ce sont de larges pièces de soie, portant les noms des lauréats et leur éloge. Suspendues dans la pièce principale de la maison, elles seront l’honneur de la famille. Enfin le mandarin