Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/37

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intervention n’est pas aussi nécessaire ni aussi fréquente qu’on pourrait le croire, c’est qu’il n’a, pour l’exercer, aucune magistrature spéciale. Ainsi, ni caste judiciaire, ni caste sacerdotale, ni caste enseignante, ni caste militaire. Peut-on désirer de plus complètes preuves des libertés dont jouit le peuple chinois ?

Je viens de dire que rien ne me semblait plus susceptible d’élever la conscience, d’y développer le sentiment de la justice, que l’exercice même du pouvoir judiciaire. Mais j’ai plus qu’une appréciation à énoncer — On sait que l’industrie de la terre, que l’agriculture est la profession nationale, pour ainsi dire, de la Chine. Tous les Chinois, a-t-on pu dire, sont, naissent cultivateurs ; et, en fait, il n’y en a peut-être pas un seul qui ne soit directement intéressé à la prospérité de l’agriculture. On sait aussi que la culture du riz est le fond de leur agriculture, puisqu’elle occupe les deux tiers du territoire, et que cette culture ne se pratique que dans l’eau et par les irrigations. On sait enfin combien l’eau de sa nature, est facile à détourner, à dérober. Eh bien ! comment la culture du riz serait-elle possible sans la justice ? — La régularité de la distribution des eaux est donc une preuve de grande loyauté. « Point de culture sans l’ordre, a dit Michelet. La justice est née du sillon. Cérès qui, à Thèbes et à Athènes, a rapproché les hommes et fait les lois, Cérès qui ne semble pas autre que Thémis, Cérès est la pensée sérieuse des peuples agricoles. » Et du reste,