Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/39

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ment pas en Europe que des étrangers auraient à décliner de pareilles offres. En Chine je le répète, cela est fréquent ; et, à plus forte raison, entre gens qui se connaissent. Il est aussi d’usage, dans les banques chinoises, de remettre à ceux de leurs clients qui le demandent jusqu’au double de la somme inscrite à leur compte, moyennant l’intérêt courant, et pour un délai qui peut aller de trois jours à six mois. Mais ce qui montre peut-être le mieux à quel point le crédit, et le crédit moral, est l’habitude générale de la Chine, c’est cette multitude de petites sociétés d’argent ou de prêts sans intérêts ou à de faibles intérêts qu’on appelle des Hoeï-Tsienn, qui se créent journellement en vue de parer à n’importe quel besoin, depuis l’étudiant qui n’est pas assez riche pour continuer ses études, depuis le paysan qui a besoin d’un buffle pour entreprendre une culture, depuis le petit marchand qui veut commencer un commerce, jusqu’à la mère de famille qui songe à pourvoir au mariage de sa fille.

Une autre forme de la justice, c’est l’assistance due aux déshérités de ce monde. Quoique moins nombreux que dans aucun pays de l’Europe, il y en a pourtant en Chine ; aucune société humaine n’est parfaite ; on rencontre dans tous les pays des infirmes, des sourds, des aveugles, des muets. Ils ne sont pas plus oubliés qu’ailleurs : j’ajouterai même que les établissements où on les recueille, fondés et entretenus soit par l’État,