J’ai dit que les produits directs de la culture ne sont pas les seuls que a famille Ouang recueille de son industrie. Elle possède un buffle, mais n’ayant pas de quoi l’employer toute l’année, elle le prête ou le loue au fils cadet et à deux ou trois autres cultivateurs des environs. On en tire ainsi, pour 110 journées de travail à 1 fr. 50, une somme de 210 francs. Mais une source de revenus très appréciable, c’est la basse-cour. Entre chaque récolte on lâche les porcs, les poules et les canards dans les champs où ils trouvent une nourriture assez abondante, surtout quand l’eau y a été mise, et qui ne coûte rien. La basse cour est soignée par les femmes qui s’y entendent admirablement. Personne ne sait mieux que Mme Ouang composer et varier, suivant les saisons, les soupes que l’on donne aux porcs. Personne n’est plus habile que Mme Po-Y à distinguer les œufs clairs de ceux qui ne le sont pas, et à préparer la pâtée des poulets. On ne produit pas les porcs à la maison ; c’est une industrie spéciale. Pour que la race, qui n’est pas très grosse, mais qui est précoce et s’engraisse facilement, ne dégénère pas, il faut aller chercher très loin quelquefois les animaux reproducteurs ; ensuite, il serait impossible d’élever tous les petits d’une portée ; pour ces motifs on a trouvé plus simple et plus économique de séparer l’engraissement de la production. Chez les Ouang, comme chez tous les cultivateurs, on fait quatre engraissements par an, de trois porcs chacun. On achète les petits porcelets à l’âge de six ou de sept semaines, et on les revend gras trois mois après. Chacun d’eux pesait 15 à 16 kilog. et avait coûté 4 fr. 60 ; il pèse 112 kilog., et il vaut 32 fr. 50 à 29 centimes le kilog., soit 390 francs pour les 12. On ne pousse jamais les animaux jusqu’au fin gras parce que cela reviendrait trop cher et ne serait pas payé.
Mme Ouang possède deux chèvres qui produisent chacune deux chevreaux, vendus quatre mois après leur naissance au prix de 5 francs l’un, ce qui fait 20 francs pour les quatre.