Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/45

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d’emplois pour elles, et le mariage ne leur est permis qu’avec des catholiques. Or, d’une part, elles sont plus nombreuses que les garçons : et de l’autre, ceux-ci ne restent pas toujours catholiques. Aussi le nombre des orphelines finit-il par devenir un obstacle considérable à l’œuvre essentielle de la Sainte-Enfance. Il en est tout autrement dans les orphelinats chinois, où des gens riches vont très souvent chercher, soit des enfants qu’ils adoptent, soit des maris pour leurs filles, soit des femmes pour leurs fils. Aussi ces orphelinats, dont les dépenses ne deviennent la plupart du temps que des avances dont ils sont largement remboursés, possèdent-ils de très grandes ressources qui permettent de donner aux enfants tous les soins et tout le bien-être nécessaires. Cela est si vrai, qu’un missionnaire jésuite de Sou-Tcheou, ville de 5 à 600,000 âmes, le P. Dargy, se plaignait à moi de la concurrence que faisait à l’orphelinat catholique l’orphelinat chinois. « Il est beaucoup plus riche que nous, me disait-il ; il donne des cercueils aux petits enfants qui meurent chez lui, tandis que nous ne pouvons envelopper les nôtres que d’une botte de paille. Aussi nous est-il très difficile de nous en procurer. » Il y a d’autres raisons encore que le missionnaire ne disait pas : c’est qu’il meurt beaucoup moins d’enfants dans les orphelinats chinois que dans les orphelinats catholiques, parce que les soins y sont plus abondants, mieux entendus ; parce qu’il est absolument interdit de donner plus d’un enfant à une nourrice,