Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/46

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tandis que les catholiques en donnent souvent trois ou quatre, et même plus, d’après ce que m’a dit un médecin de mes amis qui avait vu le fait à Macao ; parce qu’enfin il n’arrive jamais que l’on prenne un enfant vivant pour un mort et qu’on l’enterre comme tel, ainsi que cela serait une fois arrivé dans un district voisin de ma résidence, sans la présence inopinée de l'évêque, Mr Delaplace, qui sauva l’enfant, et comme cela doit trop souvent arriver avec le peu de sollicitude dont les enfants de la Sainte-Enfance sont l’objet. Qu’ils aillent au ciel, et qu’ils y aillent le plus tôt possible ; c’est, encore une fois, tout ce qu’elle demande.

J’ai oublié deux choses qui peuvent, jusqu’à un certain point, expliquer les exagérations auxquelles on s’est livré au sujet des infanticides, et qui sont signalées dans la lettre du jésuite dont je citais le nom tout à l’heure. La première, c’est la nécessité où se trouve la Sainte-Enfance de s’en rapporter aveuglément aux déclarations des sages-femmes, catholiques ou non, qu’elle autorise à donner le baptême aux enfants qui ne sont pas nés viables. Ces femmes reçoivent pour chaque baptême une somme de 20 à 25 centimes : et comme aucun contrôle n’est possible, il ne serait pas étonnant qu’elles fussent tentées de réclamer des sommes plus considérables que celles qu’elles ont méritées, en rejetant alors sur des habitudes d’infanticide un excès de mortalité qu’elles ne sauraient faire accepter.