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commun. Les vivants ne sont bien plutôt à leurs yeux que les économes de la postérité. On confisquait autrefois les propriétés négligées. En réalité, la propriété du sol n’est en Chine qu’un droit d’usufruit, et c’est uniquement ce droit qu’on est libre de transmettre et d’aliéner. C’est ce que les Chinois appellent tienn-mienn. Quant à la propriété du fonds, tienn-ti, elle reste entre les mains de la collectivité représentée par l’État. Celui-ci affirme son droit en la frappant d’une rente qui n’est jamais payée qu’à lui.

Ainsi, quand un propriétaire vend ou loue une terre, le prix ou la rente qu’il en reçoit ne représentent jamais que le prix ou la rente de la valeur que lui ou ses ancêtres ont, par leur travail, incorporée et ajoutée à cette terre. Il faut dire que, par contre, jamais la collectivité, ou l’État, ne s’est cru le droit d’élever la rente du fonds au fur et à mesure que la valeur de la surface augmentait.

La rente du fonds n’a pas été établie d’après la valeur, mais d’après la superficie ; et, une fois fixée, elle n’a plus varié. Cette rente est à peu près le seul et unique impôt de la Chine[1]. Tel est, en effet, le respect que l’on a pour le travail et pour les fruits du travail, que pour rien au monde on ne voudrait y

  1. Les autres ressources de l’Empire comprennent les revenus des douanes, ceux des mines et le monopole du sel. Les revenus particuliers de l’empereur, qui constituent sa liste civile, lui sont fournis par une partie de ceux du sel, par ses troupeaux de Mongolie et par les tributs des vassaux de la Chine.