Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/53

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affaiblir les moyens de transformation des produits du sol, diminuer les demandes du commerce et de l’industrie ; c’est amoindrir la valeur des produits entre les mains de celui qui les vend, ou l’élever artificiellement pour celui qui les achète.

L’impôt chinois, l’impôt métrique[1], en déchargeant le commerce et l’industrie de tout impôt spécial, a, au contraire, le grand avantage d’imprimer en Chine à ces deux branches de l’activité humaine une énergie et une puissance incomparables. Il est, en effet, bien peu de produits industriels que les Chinois n’arrivent à fabriquer à meilleur marché que nous, et bien peu de produits d’Europe qu’ils ne vendent chez eux à plus bas prix que nous. Il est tels objets d’Angleterre, de France ou d’Allemagne, que l’on trouve dans leurs magasins à un tiers au-dessous du prix que nos marchands en demandent. Quant aux produits chinois, il m’est arrivé d’acheter pour 75 centimes ou 1 franc de longues guêtres ou des chapeaux de feutre que j’aurais payés au moins 3 francs en Europe.

L’impôt chinois n’est donc pas seulement un instrument de liberté, c’est en même temps un instrument de progrès, de telle sorte que l’on peut dire que si les cultivateurs font l’avance de l’impôt, c’est le progrès général qui, grâce à des débouchés plus sûrs, plus

  1. Voir sur la réforme de l’impôt en France un travail très remarquable de M. Toubeau qui, sans savoir que l’impôt métrique était l’impôt chinois, est arrivé à le proposer sous ce nom pour l’Europe. — 2 vol., chez Guillaumin.