Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/78

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C’est elle qui, par le mariage, rend l’homme citoyen et lui donne toute sa valeur. On ne l’accable pas autant qu’en France de flatteries et d’adulation, mais on la respecte davantage, et on le lui prouve en l’épousant, en la laissant moins souvent tomber dans la misère et dans l’abandon. Les hommes ne revendiquent point pour elle l’égalité absolue de droits que sa nature et sa faiblesse la rendent incapable d’exercer et de défendre ; mais chaque homme est habitué, dès l’enfance, à se considérer comme directement et personnellement responsable du sort de l’une d’elles. — Je laisse au lecteur à prononcer entre ces deux façons de résoudre la question.

L’autre objet dont je veux parler n’est pas moins important. L’humanité, ai-je dit en commençant, est comme un homme qui vivrait toujours et apprendrait sans cesse ; et j’ai ajouté que cela était aussi vrai d’une famille que de l’humanité. Eh bien, se figure-t-on ce que serait un homme qui, survivant à tous les siècles, garderait le souvenir des époques, des événements, des expériences et des révolutions qu’il aurait traversés ? Imagine-t-on la supériorité qu’il acquerrait ainsi sur ses contemporains ? la puissance et l’intensité auxquelles il porterait sa personnalité, son individualité ? Supposez ensuite un peuple composé d’hommes pareils. Or n’est-ce pas le peuple chinois avec son culte des ancêtres ? N’est-ce pas le peuple chinois que j’ai montré complétant chacune de ses solennités domestiques par la lecture de la biographie de l’un des aïeux et de l’un des grands hommes du