Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/95

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de détruire l’homogénéité de la famille, en transportant à des étrangers l’autorité qu’elle ne doit puiser qu’en elle-même et en imposant des lois toutes faites, que l’on ne comprend pas, et qui suppriment chez l’homme la recherche de la loi avec tout ce travail intérieur de la conscience et de l’intelligence qui y conduit. — « Que pensez-vous de nous ! demandais-je quelquefois à ceux des lettrés chinois dont j’avais réussi à gagner la confiance. — Vous ne cultivez pas votre âme », me répondaient-ils. Et, en effet, d’autres y songent pour nous.


II


La guerre et les guerriers sont bien loin d’avoir en Chine le même prestige et la même importance qu’en Europe. — L’armée régulière ne compte que 100,000 Tartares au plus : mais il existe, dans quelques provinces, un certain nombre de familles chinoises descendant des anciennes colonies militaires que le gouvernement y entretenait, dans lesquelles l’État peut recruter, en temps de guerre, une milice de 400,000 hommes environ. — Le tout relève du ministère de la guerre. Les officiers, en temps ordinaire, n’ont jamais le pas sur les fonctionnaires civils, et je dois ajouter tout de suite qu’ils ne paraissent pas se faire de leur dignité une idée exagérée. Dans un de mes premiers voyages, le gouvernement