Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/144

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LE PHRYGE.

Ilios, Ilios ! Hélas sur moi ! ô Ville, reine de la grasse Phrygiè, mont sacré de l’Ida, combien par des chants funèbres et d’une voix Barbare, je te pleure, renversée à cause de celle qui est née d’un œuf de cygne, de la fille si belle de Lèda, de la funeste Hélénè, cette Érinnys des murailles Apollôniennes, hélas ! Lamentations, lamentations ! malheureuse Dardania, terre des chevaux de Ganymèdès qui couche avec Zeus !

LE CHŒUR.

Dis-nous clairement les choses qui se sont faites dans les demeures, car je ne puis rien conjecturer avec certitude de ce que tu viens de dire.

LE PHRYGE.

Ailinon ! Ailinon ! C’est ainsi que les Barbares commencent leurs plaintes lamentables, hélas ! hélas ! d’une voix asiatique, lorsque le sang des rois est répandu sur la terre par les épées de fer d’Aidès. Afin de te dire chaque chose, deux lions jumeaux Hellanes sont entrés dans la demeure. L’un eut pour père celui qu’on nommait le Stratège, et l’autre est fils de Strophios, artisan de ruses, semblable à Odysseus, et silencieusement perfide, mais fidèle à ses amis, hardi au combat, habile à la guerre et dragon meurtrier. Qu’il périsse, à cause de sa tranquille prudence, malfaisant qu’il est ! Ils vinrent auprès du thrône de la femme qu’épousa l’archer Paris ; et, les yeux mouillés de larmes, humbles, ils se tinrent, celui-ci d’un côté, et celui-là de l’autre, et prêts à agir. Et ils jetèrent leurs mains suppliantes autour des genoux de Hélénè. Et les