Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/146

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LE PHRYGE.

Mère Idaïenne, mère toute puissante ! Hélas, hélas ! Ô calamités sanglantes et impies, que j’ai vues de mes yeux dans les demeures royales ! Ayant tiré et tenant en mains les épées cachées sous leurs péplos pourprés, chacun d’eux regarda tout autour, de peur qu’il y eût quelqu’un. Et, alors, comme des sangliers montagnards, se retournant contre la femme, ils disent : — Meurs ! Meurs ! Ton mauvais mari te tue, lui qui a trahi le Fils de son frère afin qu’il mourût dans Argos. — Elle cria : — Hélas sur moi ! — Et, jetant son bras blanc contre sa poitrine, elle frappa sa tête d’un coup lamentable, fuyant çà et là et courant sur ses sandales d’or. Mais Orestès, avançant ses chaussures Mykèniennes, la saisit par les cheveux, et, lui courbant le cou sur l’épaule gauche, se préparait à lui enfoncer l’épée noire à travers la gorge.

LE CHŒUR.

Où donc étaient, afin de la secourir, les Phryges dans la demeure ?

LE PHRYGE.

Nous enfonçons avec des leviers, en poussant des clameurs, les portes et les cloisons où nous étions retenus, et nous accourons à l’aide, de tous les bouts de la maison, ceux-ci avec des pierres, ceux-là avec des traits, et d’autres avec l’épée nue en mains. Contre nous vient Pyladès, irrésistible, semblable au Phryge Hektôr, ou tel qu’Aias au casque à triple aigrette, que j’ai vu aux portes de Priamos. Et nous engageons la mêlée des épées. Mais alors il devient manifeste combien, nous Phryges, nous