Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ô Trôiades, qui m’annoncez de tels maux, qui m’apportez ces maux horribles, vous m’avez tuée, vous m’avez perdue ! Il n’y a plus pour moi de vie heureuse à la lumière du jour. Ô pied misérable, mène-moi, mène la vieille femme vers cette tente. Ô fille ! ô enfant d’une mère très malheureuse, sors, sors des demeures ! Entends la voix de ta mère, ô fille, et sache ce qu’on dit de ton âme !




POLYXÉNÈ.

Mère, mère ! Pourquoi cries-tu ? Que veux-tu m’annoncer en me faisant sortir des demeures, effrayée comme un oiseau ?

HÉKABÈ.

Hélas sur moi, fille !

POLYXÉNÈ.

Pourquoi ces paroles fatales ? Ce sont de mauvais préludes pour moi.

HÉKABÈ.

Hélas ! hélas sur ton âme !

POLYXÉNÈ.

Parle ! ne cache rien plus longtemps. J’ai peur, j’ai peur, mère ! Pourquoi gémis-tu donc ?

HÉKABÈ.

Ô fille, fille d’une mère lamentable !