Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/227

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LE CHŒUR.

Chantez ! chantez douloureusement ! Frappons notre tête de nos mains blanches !

KRÉÔN.

Ô malheureuse Iokastè ! Quelle fin de ta vie et de tes noces tu as subie à cause de l’énigme de la Sphinx ! Mais, enfin, comment le meurtre des deux frères s’est-il accompli, ainsi que l’effet des imprécations d’Oidipous ? Dis-le moi.

LE MESSAGER.

Tu sais sans doute nos succès sous les murailles de la Ville ? L’enceinte des murs n’est pas tellement éloignée que tu ne saches tout ce qui s’y passe. Donc, après que les jeunes fils du vieil Oidipous eurent couvert leurs corps d’armes d’airain, ils s’avancèrent au milieu des deux armées, comme pour le combat ou la retraite. Et, regardant vers Argos, Polyneikès pria ainsi : — Ô vénérable Hèra ! car je suis tien, m’étant allié à Adrastos par mes noces avec sa fille et habitant sa terre, accorde-moi de tuer mon frère et de rougir de son sang ma droite victorieuse ! Je te demande une couronne impie qui est de tuer mon frère ! — Beaucoup pleuraient, tant cette calamité était terrible, et ils se regardaient les uns les autres avec des yeux attristés. Mais Étéoklès, regardant la demeure de Pallas armée d’un bouclier d’or, pria ainsi : — Ô fille de Zeus ! accorde-moi d’enfoncer de ma main et de mon bras une lance victorieuse dans la poitrine de mon frère et de le tuer, lui qui vient pour dévaster la patrie ! — Quand il eut ainsi parlé, la trompette tyrrhénienne, telle qu’une torche, ayant sonné le signal du sanglant combat, ils se