Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/250

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le foie d’une épée aiguë, étant entrée en silence sous le toit où est son lit, ou même qu’elle tue la jeune fille royale et celui qu’elle épouse, s’attirant ensuite quelque plus grand malheur. Elle est violente, en effet, et celui qui encourt sa haine ne chantera pas facilement le Paian. Mais ses enfants approchent, revenant de la course gymnastique, ne sachant rien des maux de leur mère, car une jeune âme n’a point coutume de s’attrister.




LE PAIDAGÔGUE.

Vieille esclave de la demeure de ma maîtresse, pourquoi te tiens-tu solitaire devant les portes, roulant des malheurs dans ton esprit ? Comment Mèdéia veut-elle rester seule et sans toi ?

LA NOURRICE.

Vieillard, compagnon des enfants de Iasôn, les choses douloureuses aux maîtres sont des calamités pour les bons serviteurs et déchirent leur cœur. Moi, j’en suis arrivée à ce point de douleur que le désir m’a prise, étant venue ici, de dire à la terre et à l’Ouranos les désirs de ma maîtresse.

LE PAIDAGÔGUE.

La malheureuse n’a donc pas encore cessé de gémir ?

LA NOURRICE.

Que tu es simple ! Son mal n’est qu’au commencement et non encore au milieu.