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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/253

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MÈDÉIA.

Hélas ! Malheureuse que je suis et misérable à cause de mes peines ! hélas sur moi ! Comment périrai-je enfin !

LA NOURRICE.

C’est cela même, chers enfants ! Votre mère agite son cœur et sa fureur. Entrez très promptement dans la demeure ; ne vous montrez pas à ses yeux, ni n’approchez. Prenez garde à cet esprit farouche et à la nature terrible de cette âme violente. Allez, rentrez promptement. Cette nuée de cris lamentables s’enflammera bientôt d’une plus grande fureur. Que ne fera pas ce cœur qui respire la haine, implacable, en proie aux douleurs ?




MÈDÉIA.

Hélas ! hélas ! Je souffre, malheureuse ! Je souffre de maux dignes de grandes lamentations. Ô enfants exécrés d’une mère funeste, périssez avec votre mère, et que toute sa famille périsse !

LA NOURRICE.

Hélas sur moi, malheureuse ! En quoi tes enfants partagent-ils les fautes de leur père ? Pourquoi les hais-tu ? hélas ! enfants, combien je suis violemment tourmentée de la crainte que vous subissiez quelque malheur ! Les âmes des tyrans sont cruelles. Dociles en peu de choses et commandant en beaucoup d’autres, ils déposent difficilement leurs colères. Il est mieux d’être accoutumé à vivre dans l’égalité. Pour moi, que ne puis-je vieillir, sinon dans la grandeur, du moins en sûreté ; car si le nom de la modéra-