Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/260

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Quelle injustice, en effet, m’as-tu faite ? Tu as donné ta fille à celui vers qui ton cœur t’a poussé. Mais je hais mon mari. Pour toi, je pense, tu as agi sagement. Et maintenant je n’envie pas tes prospérités. Faites ces noces, vivez bien et heureusement, mais permettez que j’habite cette terre ; car, bien qu’outragée, je me tairai, soumise à ceux qui sont plus puissants que moi.

KRÉÔN.

Tu dis des paroles douces à entendre, mais j’ai peur que tu ne médites quelque malheur dans le fond de ton âme, et moins encore qu’auparavant je me fie en toi ; car, quand une femme, et de même un homme, est prompte à la colère, on s’en garde plus facilement que lorsqu’elle est muette et sage. Sors donc très rapidement, et cesse de tant parler. Ceci est résolu ; et tu n’useras d’aucun art qui te fasse rester parmi nous, étant mon ennemie.

MÈDÉIA.

Par tes genoux, par ta fille récemment mariée !

KRÉÔN.

Tu perds tes paroles ; tu ne me persuaderas jamais.

MÈDÉIA.

Et tu me chasseras ! et tu ne respecteras pas mes prières !

KRÉÔN.

Je ne t’aime pas plus que ma famille.