Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/278

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AIGEUS.

Je suis prêt, pour beaucoup de raisons, à te faire cette grâce, ô femme ! D’abord, par piété pour les Dieux, et, ensuite, à cause de cette promesse que j’aurai des enfants. Mais voici ce que je puis : Si tu viens dans mon pays, je m’efforcerai de te protéger par mon hospitalité, car je suis juste. Mais je te déclare seulement, femme, que je ne veux pas t’emmener de cette terre. Si tu viens de toi-même dans ma demeure, tu y resteras en sûreté, et je ne te livrerai à personne. Échappe-toi donc seule d’ici. Je veux être, en effet, irréprochable devant mes hôtes.

MÈDÉIA.

Que cela soit ! Mais si tu m’en donnais ta foi, tout serait au mieux pour moi et par toi.

AIGEUS.

N’as-tu pas confiance ? Quelle est ton inquiétude ?

MÈDÉIA.

J’ai confiance, mais la famille de Pélias et de Kréôn est mon ennemie. Si tu te lies à moi par un serment, tu ne permettras que ceux qui le veulent m’enlèvent de ton pays ; mais, si tu ne t’engages qu’en paroles, sans jurer par les Dieux, il se peut que tu deviennes l’ami de mes ennemis et que tu cèdes aux réclamations des hérauts ; car j’ai peu de force, et les richesses et la demeure royale sont à ceux-ci.

AIGEUS.

Tu montres, par tes paroles, une grande prévoyance, ô