Aller au contenu

Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

MÈDÉIA.

Qu’est-il donc arrivé, qui me force à fuir ?

LE MESSAGER.

La fille royale et Kréôn qui l’a engendrée sont morts de tes poisons.

MÈDÉIA.

Tu m’apportes une très heureuse nouvelle ! Tu seras désormais compté parmi mes bienfaiteurs et mes amis.

LE MESSAGER.

Que dis-tu ! Es-tu dans ton bon sens ? N’es-tu pas insensée, femme, toi qui, apprenant que le foyer royal est dévasté, te réjouis et ne trembles pas de telles choses ?

MÈDÉIA.

J’aurais beaucoup à dire en réponse à tes paroles ; mais ne t’irrite pas outre mesure, ami, et raconte comment ils ont péri. Tu me charmeras deux fois, s’ils ont subi une mort très cruelle.

LE MESSAGER.

Après que tes deux fils furent arrivés avec leur père et entrés dans la demeure nuptiale, nous nous réjouissions, nous, serviteurs, qui compatissions à tes maux, car une rumeur se répandit aussitôt, que toi et ton mari aviez apaisé votre ancienne dissension. L’un baisait la main, l’autre la tête blonde de tes enfants ; et moi, tout joyeux, je suivais tes fils dans la chambre des femmes. La maîtresse que nous servons maintenant au lieu de toi, avant de voir le couple de tes fils, jeta un regard tendre sur