Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/294

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Iasôn, puis, elle baissa les paupières et détourna sa joue blanche, ayant horreur des enfants qui entraient. Mais ton mari s’efforça de calmer la colère de la jeune fille en disant ceci : — Ne sois pas l’ennemie de tes amis, renonce à ta colère, tourne la tête de ce côté et regarde les amis de ton mari comme les tiens. Accepte ces présents, et prie ton père qu’il affranchisse, en ma faveur, ces enfants de l’exil. — Pour elle, dès qu’elle eut aperçu les ornements, elle ne persévéra pas et promit tout à son mari ; et, avant que tes enfants et leur père fussent sortis des demeures, elle revêtit le péplos aux couleurs variées, et, posant la couronne d’or autour de ses boucles, elle arrangea sa chevelure devant un brillant miroir, en souriant à la vaine image de son corps. Et puis, se levant du trône, elle se promenait dans les demeures, marchant délicatement de son pied blanc, heureuse de ces présents et se regardant souvent et longtemps par derrière. Mais bientôt, ce fut un spectacle horrible : changeant de couleur, reculant, tremblant de tous ses membres, à peine put-elle s’appuyer au thrône pour ne pas tomber contre terre. Une vieille servante, pensant qu’elle était saisie de la fureur de Pan ou de quelque autre Dieu, poussa un hurlement ; mais, voyant une écume blanche sortir de sa bouche, et ses yeux se renverser, et le sang ne plus rester dans son corps, alors elle fit succéder un grand cri à son hurlement. Aussitôt, l’une court vers la demeure de son père, et un autre vers son nouvel époux, afin d’annoncer le malheur de la jeune femme. Toute la maison retentit de courses multipliées. Pendant le temps qu’un rapide coureur met à atteindre la borne dans la course de six plèthres, elle resta muette et les yeux fermés ; puis la malheureuse s’éveilla avec un profond gémissement, car