Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/362

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accordée, comme il le fallait, selon sa promesse. Mais tu nous as outragés, lui et moi ; tu n’as attendu ni la preuve, ni la voix des divinateurs ; tu n’as rien examiné, tu n’as pas laissé au temps le soin des recherches, et, plus hâtivement qu’il ne convenait, tu as lancé des imprécations contre ton fils, et tu l’as tué !

THÈSEUS.

Maîtresse, que je meure !

ARTÉMIS.

Tu as commis une action horrible ; mais il t’est permis encore d’en obtenir le pardon, car Kypris a voulu que les choses fûssent telles, assouvissant ainsi sa colère. Telle est la loi parmi les Dieux : nul ne peut s’opposer à la volonté d’un autre, et nous nous cédons toujours les uns aux autres. Et, certes, sache-le ! si je n’avais craint Zeus, jamais je n’en serais venue à ce point de déshonneur de laisser mourir celui qui m’était le plus cher entre tous les mortels. Mais ta faute est allégée par ton ignorance, et ta femme morte a emporté les preuves orales qui eûssent convaincu ton esprit. Et, maintenant, ces maux t’ont surtout accablé ; mais la douleur est aussi en moi. Les Dieux, en effet, ne se réjouissent pas de la mort des justes. Ce sont les mauvais que nous faisons périr, eux, leurs enfants et leur race.




LE CHŒUR.

Voici venir le malheureux ! Ses jeunes chairs et sa blonde tête sont ensanglantés. Ô lamentable famille !