Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/366

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HIPPOLYTOS.

Mais quoi ! Tu m’aurais tué, tant tu étais irrité contre moi.

THÈSEUS.

Les Dieux m’avaient mis hors de raison.

HIPPOLYTOS.

Hélas ! Pourquoi la race des mortels ne peut-elle frapper les Dieux de ses imprécations !

ARTÉMIS.

Arrête ! Même, en effet, dans l’Ombre souterraine, la colère de la Déesse Kypris peut pénétrer en toi, à cause de ta piété et de ta raison. Moi, de ma main et de mes traits inévitables, je te vengerai sur celui des mortels qui lui est le plus cher. Pour toi, ô malheureux ! à cause de tes maux, je t’accorderai de très grands honneurs dans la ville de Troizènia. Les jeunes filles vierges, avant leurs noces, couperont pour toi leurs cheveux, et, pendant une longue suite d’années, t’honoreront de leurs lamentations et de leurs larmes. Toujours les chants des vierges te célébreront, et jamais l’amour de Phaidra pour toi ne cessera et ne sera oublié. Et toi, ô fils du vieillard Aigeus ! prends ton fils dans tes bras et presse-le sur ta poitrine, car tu l’as perdu malgré toi ; mais, si les Dieux le veulent, il est naturel aux hommes de faillir. Et toi, je t’exhorte à ne point poursuivre ton père de ta haine, Hippolytos ! car tu sais par quelle destinée tu meurs. Salut ! Il ne m’est point permis de regarder les morts, ni de souiller mes yeux du râle d’un mourant ; et, déjà, je crois que tu es proche de ce moment.