Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/387

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lins. Mais un Dieu a voulu que les choses fussent telles. Soit ! Pour toi, te souvenant de ceci, fais-moi une grâce, mais non semblable. Je ne t’en demanderai jamais une semblable, car rien n’est plus précieux que la vie, mais juste cependant, comme tu le diras toi-même. Tu aimes ces enfants autant que moi, en effet, si tu as de bonnes pensées. Qu’ils soient maîtres de ma demeure ! et ne les soumets pas à une marâtre qui me serait inférieure et qui porterait la main sur tes enfants qui sont aussi les miens. Ne fais pas cela, je te le demande. La marâtre qui succède à l’épouse est l’ennemie des premiers enfants, et ne le cède en rien à la vipère. Un fils a dans son père un sûr rempart ; il en appelle à lui, et le père lui répond. Mais toi, ô fille, comment seras-tu élevée honnêtement pendant les années de ta virginité ? Quelle femme de ton père rencontreras-tu ? J’ai peur que, répandant sur toi une honteuse renommée, elle n’empêche tes noces dans la fleur de ta jeunesse. Ta mère, en effet, ne te mariera jamais ; et elle ne sera pas là pour te rassurer pendant l’enfantement, quand rien n’est plus doux qu’une mère. Il me faut mourir, et ce malheur ne m’arrivera ni demain, ni le troisième jour du mois ; mais c’est à l’instant que je serai comptée parmi les morts. Soyez heureux ! Toi, époux, tu peux te glorifier d’avoir eu la meilleure des femmes, et vous, enfants, d’être nés de la meilleure des mères !

LE CHŒUR.

Prends courage ! Je ne crains pas de le dire pour lui : il fera cela, s’il n’a point perdu la raison.

ADMÈTOS.

Cela sera, cela sera ! ne crains pas. T’ayant possédée