Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/439

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Ménélaos me les a donnés avec une grande dot, afin qu’il me soit permis de parler librement. Je réponds ainsi à vos paroles. Mais toi, qui es une femme captive et une esclave, tu veux, m’ayant chassée, posséder ces demeures, et, par tes philtres, je suis odieuse à mon mari, et, à cause de toi, mon ventre reste stérile ; car l’esprit des femmes asiatiques est habile en ces choses. C’est pourquoi je te réprimerai, et la demeure de la Nèrèis ne te sera d’aucun secours, ni l’autel, ni le temple, et tu mourras ! Et si quelqu’un des hommes, ou des Dieux, veut te sauver, il te faut, au lieu de ton ancien orgueil, devenir humble, te prosterner à mes genoux, et balayer ma demeure, et répandre la rosée d’Akhéloos des vases d’or, et reconnaître sur quelle terre tu es. En effet, il n’y a ici ni Hektôr, ni Priamos, ni richesse, mais une cité de la Hellas. Tu en es venue à ce point de démence, misérable que tu es ! d’oser coucher avec le fils d’un père qui a tué ton mari, et de concevoir des enfants de son meurtrier ! Telle est la race des Barbares : Le père s’unit à sa fille, et le fils à sa mère, et la sœur à son frère ; et les plus chers s’entretuent, et la loi ne défend rien de tout cela ! N’introduis rien de tel parmi nous. Il n’est pas honnête, en effet, qu’un homme tienne les rênes de deux femmes ; mais quiconque ne veut pas habiter une demeure honteuse doit se contenter d’une seule Kypris nuptiale.

LE CHŒUR.

La jalousie est chose propre aux femmes, et elles haïssent toujours grandement celles qui partagent le lit nuptial.

ANDROMAKHÈ.

Hélas ! hélas ! La jeunesse est mauvaise pour les mortels,