Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/441

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tuées ? Et, insatiable de désirs, tu aurais donc déshonoré toutes les femmes ? Certes, cela est honteux. Si nous souffrons de cette maladie du désir beaucoup plus que les hommes, nous en usons avec retenue, Ô très cher Hektôr ! si Kypris te troublait parfois, j’aimais, à cause de toi celles qui te plaisaient. Et, souvent, j’offrais ma mamelle à tes bâtards, sans te faire aucune peine. Et, ainsi, je me conciliais mon mari par ma vertu ; mais toi, par jalousie, tu ne permets pas qu’une seule goutte de rosée aithérée arrive à ton mari. Femme ! prends garde de surpasser ta mère en désirs de l’homme. Les enfants qui ont l’esprit sain doivent éviter les mauvaises mœurs de leurs mères.

LE CHŒUR.

Maîtresse, autant que tu le pourras, permets que je te persuade de te réconcilier avec celle-ci.

HERMIONÈ.

Pourquoi parler si arrogamment, et en venir à lutter de paroles avec moi, comme si toi seule étais honnête et que je ne fusse pas chaste ?

ANDROMAKHÈ.

Tu ne l’es certes pas, au moins dans les paroles que tu prononces.

HERMIONÈ.

Que ton esprit ne soit point en moi, femme !

ANDROMAKHÈ.

Tu es jeune, et tes paroles sont honteuses.