Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/455

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LE CHŒUR.

Je vois Pèleus qui vient ici, hâtant sa marche sénile.

PÈLEUS.

Je vous le demande, ainsi qu’à celui qui ordonne cette tuerie, qu’y a-t-il ? Comment et pour quelle cause la demeure est-elle troublée. Que faites-vous, préparant ces supplices sans jugement ? Ménélaos, arrête ! Ne te hâte pas d’agir sans jugement. Toi, précède-moi plus vite. Il me semble, en effet, que ceci n’admet pas de retard, et je désire recouvrer, maintenant ou jamais, la vigueur de la jeunesse. D’abord, je soufflerai vers celle-ci un vent propice, comme pour des voiles. Dis-moi de quel droit ceux-ci, ayant lié tes mains, t’emmènent avec ton fils. Car, de même qu’une brebis qui réchauffe sous elle son agneau, tu péris en mon absence et celle de ton maître.

ANDKOMAKHÈ.

Ceux-ci, ô vieillard, me mènent à la mort avec mon fils, ainsi que tu le vois. Que te dirai-je ? Car ce n’est pas par un seul appel que je t’ai pressé de venir, mais par mille messages. Tu as peut-être entendu parler de la querelle qui, dans ces demeures, s’est élevée avec la fille de celui-ci, et du motif pour lequel je meurs ? Et maintenant, ils m’emmènent, m’ayant arraché de l’autel de Thétis qui t’a enfanté un noble fils, Elle que tu révères ; et, me condamnant sans nul droit et sans attendre le retour de ceux qui sont absents de ces demeures, ils profitent de ma solitude et de celle de cet enfant, qui n’est coupable d’aucun mal et qu’ils veulent tuer avec moi, malheureuse ! Mais, je te supplie, ô vieillard, en me prosternant à tes genoux,