Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/457

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MÉNÉLAOS.

Touche ! approche, afin que tu me connaisses !

PÈLEUS.

Es-tu donc compté parmi les hommes, ô très lâche, né de lâches ? Y a-t-il quelque raison que tu sois compté parmi les hommes, toi qui as été privé de ta femme par un Phryge, laissant les foyers de ta demeure non clos et non gardés, comme si tu avais dans tes demeures une femme chaste, quand elle était la plus mauvaise de toutes ? Et le voulût-elle, peut-elle être une jeune femme spartiate chaste, hors de la demeure, les cuisses nues, la tunique dénouée, avec des jeunes hommes, se livrant aux courses et aux luttes, ce que je ne puis supporter ? Faut-il ensuite être étonné si vous n’élevez pas des femmes chastes ? Il faudrait le demander à Héléna qui, hors des demeures, ayant abandonné ton lit nuptial, s’en alla, impudique, avec un jeune homme, dans une terre étrangère. Et c’est pour elle que tu as conduit à Ilios une si nombreuse armée de Hellènes. Il fallait, quand tu l’avais reconnue coupable, non faire la guerre, mais la laisser là, la mépriser et ne jamais la recevoir dans ta demeure. Mais tu n’as pas conçu cette heureuse pensée dans ton esprit, tu as fait périr une foule de nobles âmes, tu as privé de vieilles mères de leurs enfants, et tu as ravi de nobles fils à des pères en cheveux blancs ! Et moi, malheureux, je suis de ceux-là, et je te regarde comme le mauvais Daimôn d’Akhilleus, toi qui, seul, es revenu non blessé de Troia, et qui as rapporté tes belles armes dans de beaux étuis, et telles que tu les avais emportées ! Moi-même, je conseillais à mon petit-fils, quand il voulait