Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/477

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PÈLEUS.

Je ne suis plus rien, je meurs ! Ma voix s’éteint, mes membres se dissolvent sous moi !

LE MESSAGER.

Écoute comment la chose s’est passée, et redresse ton corps, si tu veux venger les tiens.

PÈLEUS.

Ô Destinée ! aux limites extrêmes de la vieillesse, de quelle calamité tu m’enveloppes, ô malheureux ! Comment a-t-il péri, le fils unique de mon unique fils ? Dis ! Je veux le savoir, bien que ce soit affreux à entendre.

LE MESSAGER.

Après que nous fûmes arrivés sur la terre illustre de Phoibos, pendant trois passages brillants de Hèlios, nous emplîmes nos yeux du spectacle des choses. Déjà cela fut suspect aux Delphiens, et le peuple qui habite le pays du Dieu s’assemblait dans les agoras et dans les cercles, et le fils d’Agamemnôn, allant par la Ville, tenait à l’oreille de chacun des discours ennemis : — Voyez cet homme qui parcourt les antres du Dieu, pleins d’or, trésors des hommes ! Pour la seconde fois, il vient ici, comme il l’a déjà fait, pour piller le temple de Phoibos ! — Et, de là, cette funeste rumeur se répandit dans la Ville, et les magistrats se réunissaient dans les lieux d’assemblées ; et, en particulier, tous ceux qui surveillaient les trésors du Dieu, mirent une garde dans la demeure entourée de colonnes. Pour nous, ayant reçu des brebis nourries dans les bois du Parnèsos, et ne sachant encore rien de ces choses,