Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/523

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ADRASTOS.

Hélas ! combien j’aimerais être mort avec eux !

LE MESSAGER.

Tu pleures inutilement, et tu arraches des larmes à celles-ci.

ADRASTOS.

Elles-mêmes, je pense, m’enseignent à pleurer. Mais, allons ! J’élèverai les mains en allant au devant des morts, et je dirai le chant lamentable du Hadès, en appelant nos amis dont je reste privé dans une douloureuse solitude ; car la seule chose irréprochable pour les mortels, c’est de perdre l’âme mortelle. Il est possible de recouvrer les autres biens.

LE CHŒUR.
Strophe I.

D’un côté la joie, de l’autre la tristesse ; la gloire pour la Ville et un double honneur de guerre pour les chefs. S’il m’est cruel de voir les cadavres de mes enfants, cependant, ce sera un beau spectacle, puisque je verrai ce jour inespéré, en subissant la plus grande de toutes les douleurs.

Antistrophe I.

Plût aux Dieux que le Temps, père antique des jours, m’eût gardée non mariée jusqu’ici, et toujours ! Quel besoin avais-je d’enfants ? Je ne me serais pas attendue à subir cette calamité immense, si j’avais été affranchie des noces. Mais, maintenant, je vois le plus manifeste des malheurs, privée que je suis de mes très chers enfants.