Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/561

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Déesse qui les y poussa, plus que ta fermeté. Entreprends cette guerre avec eux ; mais je pense que tu reconnaîtras bientôt ta démence. Les Dieux ne manquent pas d’intelligence ; ils savent discerner un serment mal conçu et arraché par la violence. Pour moi, je ne tuerai pas mes enfants. Et tu n’auras pas la satisfaction de tirer vengeance d’une très méchante femme, tandis que je consumerai mes nuits et mes jours dans les larmes, pour avoir accompli des actions iniques et impies contre les enfants que j’ai engendrés. Voilà, bref, clair et net, ce que j’avais à te dire ; et si tu ne veux pas entendre raison, j’aurai soin de ce qui me regarde.

LE CHŒUR.

Voici des paroles qui ne ressemblent pas à celles qui ont été dites d’abord, mais elles avertissent sagement qu’il épargnera ses enfants.

MÉNÉLAOS.

Hélas ! hélas ! Je n’ai donc plus d’amis !

AGAMEMNÔN.

Tu en as, pourvu que tu ne veuilles pas les perdre.

MÉNÉLAOS.

Comment prouveras-tu que tu es né du même père que moi ?

AGAMEMNÔN.

Je veux être sage avec toi, et non furieux.