enlevés, et que toi-même tu subis une destinée semblable. Je te le dis donc, Agamemnôn, si tu secours cet homme, on te dira aussi mauvais que lui, car tu seras favorable à un hôte qui n’a été ni pieux, ni fidèle à ceux qui avaient droit à sa fidélité, ni religieux, ni juste ; et nous dirons que tu te réjouis du mal. Mais je ne veux point outrager mes maîtres.
Hélas ! hélas ! Que les bonnes actions inspirent toujours de bonnes paroles aux vivants !
Certes, il m’est dur de juger et de condamner, mais il le faut. Ayant pris ceci en main, je ne puis m’en dessaisir sans honte. Il me semble, sache-le, que ce n’est ni pour moi, ni pour les Akhaiens, que tu as tué ton hôte, mais pour garder son or dans tes demeures. Tu parles ainsi favorablement de toi-même, à cause des maux que tu subis. Peut-être, chez vous, est-il permis de tuer son hôte ; mais, pour nous Hellènes, cela est odieux. Si je jugeais que tu n’es point coupable, comment ne serais-je point blâmé ? Je ne le puis. C’est pourquoi, puisque tu as osé commettre le crime, résigne-toi au châtiment.
Hélas sur moi ! Vaincu par une femme esclave, je m’humilierai donc devant qui est plus faible que moi !
N’est-ce pas justice, puisque tu as fait cela ?