Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/140

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douleur de ta mère ! Tu es venu à Troia par un chemin funeste, obstinément, contre ma défense, contre les prières de ton père ! Hélas sur toi, à cause de toi, ô chère, chère tête ! Hélas sur moi ?

LE CHŒUR.

Autant qu’il m’est permis, bien que je ne sois pas de ta race, je pleure ton fils avec toi.

LA MUSE.
Antistrophe.

Qu’il périsse l’Oinéide ! Qu’il périsse le Laertiade qui m’a privée de mon plus illustre enfant ! et Héléna qui, ayant quitté sa demeure, a navigué vers un lit nuptial Phrygien, qui a causé ta perte misérable sous Ilios, ô très cher, et qui a dépeuplé d’innombrables villes de leurs plus braves guerriers !

Pendant ta vie, et depuis que tu es parti pour le Hadès, ô fils de Philammôn, tu as déchiré mon cœur, car ton insolence qui t’a perdu, et ta lutte contre les Muses ont fait que j’ai conçu cet enfant malheureux ! En traversant les ondes fluviales, je m’approchai du lit fécondant du Strymôn, quand nous allâmes vers le mont Pangaios riche en or, nous, les Muses, munies d’instruments, pour notre grand combat, dans l’art du chant, contre le très habile chanteur Thrèkien. Et nous aveuglâmes Thamyris qui avait insulté notre art par de nombreux outrages. Et après que je t’eus enfanté, respectant mes sœurs et la virginité, je t’envoyai vers les tourbillons du Fleuve ton père. Et le Strymôn ne te livra point à des mains mortelles pour être