Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/176

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en me flattant d’une meilleure fortune future, et, cependant, il est doux de l’imaginer !

LE CHŒUR.

Tes calamités sont les mêmes que les miennes ; et, en pleurant ta destinée, tu me montres en quels maux je suis plongée.

HÉKABÈ.

Je ne suis jamais entrée dans le ventre d’une nef, mais je connais les nefs par leur image, et pour en avoir ouï parler. Quand la tempête n’est pas encore irrésistible, les marins travaillent ardemment pour leur salut, celui-ci à la barre, celui-là aux voiles, cet autre à la cale pour l’épuiser ; mais si la mer bouleversée l’emporte par sa violence, ils cèdent à la destinée et se livrent à la course des flots. Telle, accablée de maux, je suis muette, ne pouvant même parler. L’affreuse tempête envoyée par les Dieux me dompte. Mais, ô chère fille, ne parle plus de la destinée de Hektôr ; tes larmes ne le sauveront pas. Honore plutôt ton nouveau maître, et charme ton époux par tes vertus. Si tu fais cela, tu réjouiras tes amis, et tu pourras élever ce fils de mon fils pour le plus grand espoir de Troia, et pour que tes enfants fassent renaître Ilios et relèvent la Ville. Mais un entretien en amène un autre. Voici que le héraut Akhaien s’approche de nouveau, porteur de nouveaux ordres.

TALTHYBIOS.

Femme de Hektôr, du plus brave des Phryges, ne m’aie point en haine. Car ce n’est pas volontiers que je