Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/185

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MÉNÉLAOS.

Le temps manque pour cette grâce. Cependant, si elle veut parler, cela lui est permis. C’est par ton intercession, qu’elle le sache, que je lui accorde ceci, et non à cause d’elle-même.

HÉLÉNÈ.

Peut-être, que je parle bien ou mal, ne me répondras-tu pas, me traitant en ennemie ; mais, ce que tu me reprocheras, je le réfuterai, et j’opposerai mes accusations aux tiennes. Et, d’abord, celle-ci a enfanté la cause de nos maux, en enfantant Paris. Ensuite, le vieillard Priamos nous a perdus, Troia et moi, en ne tuant pas cet enfant, Alexandros, cette funeste image d’une torche. Écoute ce qui s’en est suivi. Alexandros devint juge entre trois Déesses, et il lui fut promis par Pallas que, commandant aux Phryges, il dévasterait la Hellas. Hèra lui promit qu’il régnerait sur l’Asia et l’Europè, s’il jugeait pour elle. Enfin, Kypris, glorifiant ma beauté, lui promit de me donner à lui, s’il la déclarait la plus belle des Déesses. Réfléchis aux choses qui suivirent. La Déesse Kypris l’emporta. Et voici comment mes noces furent propices à la Hellas : Vous n’avez point été conquis par les Barbares et n’avez point subi leur joug. Mais si la Heilas a été heureuse de ceci, moi, j’en meurs, vendue à cause de ma beauté et honteusement accusée, quand je devrais recevoir une couronne en récompense. Mais tu me demanderas pourquoi je me suis enfuie secrètement de ta demeure. C’est qu’il était venu, accompagné d’une puissante Déesse, ce Daimôn funeste, que tu le nommes Alexandros ou Paris, lui que tu laissas dans ta demeure, ô