Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/187

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Hèra et la Vierge Pallas aient été insensées à ce point que l’une ait vendu Argos aux Barbares, et que Pallas ait voulu soumettre Athèna aux Phryges, en venant sur l’Ida, pour la palme de la beauté, au milieu des jeux et des délices. Comment Hèra aurait-elle eu un tel désir de la beauté ? Espérait-elle un plus puissant époux que Zeus ? Pallas désirait-elle s’unir à l’un des Dieux, elle qui a obtenu de son père d’être toujours vierge, et qui fuit le mariage ? Ne fais pas les Déesses insensées pour parer ton crime. Tu ne persuaderas jamais les sages de ceci. Tu dis que Kypris, et cela est ridicule, vint avec mon fils dans la demeure de Ménélaos ? Ne pouvait-elle pas, restant tranquille dans l’Ouranos, te transporter avec Amyklaia tout entière dans Ilios ? Mon fils était d’une beauté admirable ; et l’ayant vu, c’est ton désir qui a été Kypris ! Les désirs insensés des mortels sont, en effet, Kypris pour eux ; et c’est justement que le nom de la Déesse signifie folie. Dès que tu l’eus vu resplendissant d’or et d’ornements Barbares, ton âme brûla de désirs amoureux. Tu jouissais de peu de richesses dans Argos, et tu as espéré, en quittant Sparta, que la Ville des Phryges, où ruisselait l’or, satisferait à toutes tes dépenses ; car la demeure de Ménélaos ne suffisait pas à tes délices luxueuses. Mais tu dis que mon fils t’a emmenée de force ? Lequel d’entre les Spartiates l’a su ? Quel cri as-tu poussé qu’aient entendu le jeune Kastôr et son frère encore vivant et qui n’était pas encore parmi les astres ? Arrivée à Troia, et les Argiens y ayant suivi de près tes traces, et la guerre ayant commencé, tu louais Ménélaos dès qu’on t’annonçait que les choses lui étaient favorables, afin que mon fils en fût attristé, ayant un rival dangereux ; mais, quand les Troiens l’emportaient, Ménélaos n’était plus rien. Tu