Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/282

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d’emmener ce qui est mon bien, et concilie-toi Mykèna, afin qu’il ne vous arrive pas ce que vous avez coutume de faire, de prendre les plus faibles pour alliés, quand vous pouvez en choisir de plus puissants.

LE CHŒUR.

Qui pourrait bien juger un différend, ou bien connaître une cause, avant d’avoir clairement entendu l’une et l’autre partie ?

IOLAOS.

Ô Roi, j’ai ceci de bon dans ton pays, qu’il m’est permis d’entendre et de répondre à mon tour et nul ne me chassera d’abord, comme j’ai été chassé ailleurs. Il n’y a aucun droit entre nous et cet homme. En effet, nous n’avons plus rien de commun avec Argos, le décret ayant été rendu ; et, puisque nous sommes exilés de la patrie, comment cet homme peut-il nous réclamer comme Argiens, nous qu’on a chassés de la patrie ? En effet, nous sommes étrangers. Pensez-vous qu’il soit vrai que quiconque est chassé d’Argos est ainsi exilé de toute la Hellas ? Certes, cela n’est point pour Athèna. Elle ne repoussera point les enfants de Hèraklès loin de son sol, par crainte des Argiens. Ce n’est point ici Trakhis, ni quelque ville Akhaïque, d’où, en vantant Argos outre mesure, et sans nul droit, par les mêmes jactances que tu profères encore, tu as chassé ces suppliants assis devant l’autel. Si cela était, en effet, et si les Athènaiens approuvaient tes paroles, Athèna ne pourrait plus se dire libre. Mais je connais leur esprit et leur nature. Ils voudraient plutôt mourir, car l’honneur est tenu à plus haut prix que la vie parmi les hommes de bien. C’est assez parler de la