Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/291

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Vont-ils venir ? Sont-ils arrivés ? Que sais-tu ? Sans doute les paroles du héraut n’étaient pas trompeuses, car leur Stratège ne jouit pas d’une bonne fortune, et il viendra, je le sais bien, n’ayant pas peu de haine contre Athèna. Mais Zeus châtie ceux qui pensent trop orgueilleusement.

DÈMOPHÔN.

L’armée Argienne et le Roi Eurystheus arrivent. Moi-même j’ai vu celui-ci, car l’homme qui prétend connaître les devoirs d’un stratège n’observe pas ses ennemis par des messagers. Il n’a point encore envoyé ses troupes dans la plaine ; mais, s’arrêtant sur le sommet d’une colline, il examine, autant que j’en puis juger, où il doit conduire son armée, et en quel lieu de la plaine il la rangera en sûreté. J’ai, de mon côté, tout organisé pour le mieux. La Ville est en armes ; les victimes qu’il faut offrir aux Dieux sont prêtes ; et la Cité est purifiée par les Divinateurs qui font les sacrifices propices à la défaite des ennemis et au salut de la Ville. Puis, réunissant tous les Divinateurs, j’ai examiné tous les anciens oracles publics ou secrets dont le salut de la Ville dépend. Beaucoup de ces oracles diffèrent entre eux ; mais tous s’accordent en une seule pensée : Ils m’ordonnent de sacrifier une vierge, née d’un père illustre, à Korè, fille de Dèmètèr. J’ai, comme tu le vois, un grand zèle pour vous ; mais je ne tuerai point ma fille, et je ne contraindrai aucun autre citoyen de le faire. Qui voudrait, de ses mains, livrer à la mort ses très chers enfants ? Et, maintenant, on voit d’ardentes réunions de citoyens, les uns disant qu’il est juste de venir en aide à des suppliants, les autres m’accusant de démence. Si j’agis ainsi, une guerre domestique se prépare. Considère donc ces choses, et cherche avec