Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/292

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moi comment vous serez sauvés, vous et ce pays, sans que je sois blâmé par mes concitoyens. Je ne possède point la tyrannie comme chez les Barbares ; mais si mes actions sont justes, on sera juste envers moi.

LE CHŒUR.

Un Dieu ne veut donc pas que cette Ville, bien qu’elle le désire, vienne promptement en aide à ces étrangers ?

IOLAOS.

Ô fils, nous sommes semblables à des navigateurs qui, échappés à la violence furieuse de la tempête, et touchant déjà la terre de la main, sont rejetés en haute mer par les vents. Ainsi, cette terre nous repousse quand nous touchions le rivage et quand nous étions sauvés. Hélas sur moi ! Pourquoi m’as-tu réjoui, misérable espérance, puisque tu ne devais pas t’accomplir ? Cependant, celui-ci mérite d’être pardonné de ne point vouloir tuer les filles des citoyens ; et je n’en loue pas moins sa bienveillance. Si donc il est décrété par les Dieux que telle sera ma destinée, ma gratitude pour toi ne cessera pas. Ô enfants, je ne puis plus rien pour vous ! Où irons-nous ? Quel Dieu n’avons-nous pas couronné de bandelettes suppliantes ? De quel rempart de pays ne nous sommes-nous pas approchés ? Nous périrons, ô fils ! Nous serons livrés ! Pour moi, s’il faut mourir, je n’en ai nul souci, à moins qu’en mourant je réjouisse mes ennemis ; mais je vous pleure et je vous plains, ô fils, ainsi que la vieille Alkmèna, la mère de votre père ! Ô malheureuse à cause de ta longue vie ! Et moi, malheureux, qui ai tant souffert en vain ! Il fallait donc, il nous fallait tomber aux mains d’un homme