Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/297

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fice. Je mourrai librement. Mais suis-moi, vieillard ! je veux, en effet, mourir dans tes bras. Étant présent, couvre mon corps de péplos ; car je vais au-devant des épouvantes de la mort, semblable au père dont je suis née et dont je me glorifie d’être née.

IOLAOS.

Je ne puis assister à ta mort !

MAKARIA.

Demande à ceux-ci du moins que je rende l’âme entre les mains des femmes, et non des hommes.

LE CHŒUR.

Cela sera, ô malheureuse vierge ! car il serait honteux à moi de ne pas honorer tes restes, pour beaucoup de raisons, et surtout à cause de ta grandeur d’âme et de ce qui est juste. J’ai vu de mes yeux que tu es la plus courageuse des femmes. Mais, si tu le veux, salue ce vieillard et ces enfants, parle-leur pour la dernière fois, et va !

MAKARIA.

Salut, ô vieillard, salut ! Instruis ces enfants à être sages comme moi, et rien de plus, car cela suffira. Efforce-toi de les sauver, et ne cherche point la mort. Nous sommes tes enfants et nous avons été nourris par tes mains. Tu vois que je leur sacrifie l’âge des noces et que je vais à la mort pour eux. Et vous, mes frères, qui êtes ici, soyez heureux, et que tous les biens vous soient accordés pour lesquels je sacrifie ma vie ! Honorez ce vieillard et la