Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/313

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ment à tous les mortels à ne pas dire heureux celui qui semble prospère, avant qu’on l’ait vu mort ; car la fortune change en un jour.

LE CHŒUR.

Ô Zeus qui donnes la victoire ! c’est maintenant que je puis voir des jours affranchis de la crainte violente !

ALKMÈNA.

Ô Zeus ! tardivement, il est vrai, tu as enfin regardé mes maux ! Cependant, je te rends grâces de ce qui arrive. Je ne pensais pas, auparavant, que mon fils habitât avec les Dieux ; aujourd’hui, je le sais manifestement. Ô fils, maintenant enfin, libres de vos peines, délivrés de cet Eurystheus funeste, vous reverrez la Ville de votre père, vous reprendrez possession de la terre héréditaire, et vous sacrifierez aux Dieux de la patrie, loin desquels, exilés et étrangers, vous meniez une vie misérable et vagabonde. Mais dis-moi ! par quel dessein caché Iolaos a-t-il épargné Eurystheus et ne l’a-t-il point tué ? Selon moi, il n’agit point sagement celui qui, ayant saisi son ennemi, n’en tire pas vengeance.

LE SERVITEUR.

C’est afin de t’honorer, et que tu le voies de tes yeux en ta puissance et subissant le joug de ta main. Cependant il ne s’est pas soumis de bon gré, mais par force, au joug de la nécessité ; car, en effet, il ne voulait pas venir vivant en ta présence pour recevoir son châtiment. C’est pourquoi, ô vieille femme, réjouis-toi ! et souviens-toi de