Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/347

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qui se nomme Zeus ? Car celui qui est dans l’Ouranos est unique. Y a-t-il une autre Sparta sur la terre que celle qui est sur les bords de l’Eurotas aux verts roseaux ? Il n’y a qu’un seul nom Tyndaréien. Est-il quelque autre terre se nommant Lakédaimôn ou Troia ? Certes, je ne sais que dire. Beaucoup, comme on peut le penser, en de nombreux pays, portent le même nom, villes et femmes, et il n’y a là rien d’étonnant. Je ne veux pas cependant fuir le danger que m’annonce cette servante. Aucun homme n’est assez barbare, apprenant mon nom, pour me refuser de la nourriture. On sait l’incendie de Troia ; et moi, qui l’ai brûlée, Ménélaos, je ne suis inconnu nulle part. J’attendrai le Maître de la demeure. J’ai, en effet, un double moyen de m’en préserver. S’il est cruel, je me cacherai et j’irai vers les restes de ma nef ; s’il se montre bienveillant, je lui demanderai ce qui m’est nécessaire dans mon malheur présent. C’est la plus grande des misères pour moi qui suis Roi que de mendier ma nourriture à d’autres Rois ; mais il le faut. C’est une maxime, non de moi, mais des sages, qu’il n’y a rien de plus puissant que la nécessité.




LE CHŒUR.

J’ai appris de la Vierge fatidique qui a prophétisé dans la demeure royale, que Ménélaos n’est point allé dans le noir Érébos, et n’est point enfermé dans la terre ; mais qu’il est errant sur les flots de la mer, sans pouvoir atteindre les rivages de sa patrie, malheureux et privé de ses amis et repoussé de toute terre par l’aviron marin, depuis qu’il est parti de Troia.